Mystic River, par Clint Eastwood
Tiré du roman de Dennis Lehane du même titre, Mystic River a été l'objet du Challenge de « Au Petit Film la Chance » du mois de mars avec pour thème « réalisé par Clint Eastwood ». En ayant déjà vu certains d'entre eux, je me suis tourné vers l'un de ceux que je ne connaissais pas et qui m'avait été conseillé récemment.
Carte d'identité :
Titre : Mystic River
Réalisateur : Clint Eastwood
Genre : Thriller - Drame
Date de sortie : 2003
Durée : 137 minutes
Nationalité : Américaine ; Australienne
Avec : Sean Penn, Kevin Bacon, Laurence Fishburne
Synopsis :
« Jimmy Markum, Dave Boyle et Sean Devine ont grandi ensemble dans les rues de Boston. Rien ne semblait devoir altérer le cours de leur amitié jusqu'au jour où Dave se fit enlever par un inconnu sous les yeux de ses amis. Leur complicité juvénile ne résista pas à un tel événement et leurs chemins se séparèrent inéluctablement. Jimmy sombra pendant quelque temps dans la délinquance, Sean s'engagea dans la police, Dave se replia sur lui-même, se contenta de petits boulots et vécut durant plusieurs années avec sa mère avant d'épouser Celeste. Une nouvelle tragédie rapproche soudain les trois hommes : Katie, la fille de Jimmy, est retrouvée morte au fond d'un fossé. Le père endeuillé ne rêve plus que d'une chose : se venger. Et Sean, affecté à l'enquête, croit connaître le coupable : Dave Boyle... ».
Autant, j'avais été assez content de Million Dollar Baby (2004) et vraiment subjugué par American Sniper (2014) et la performance de Bradley Cooper, autant celui-ci ne m'a pas tout à fait convaincu.
L'ESTHÉTIQUE DU CLASSICISME
Classicisme parce qu'il y a cette forme d'efficacité des moyens qui donne lieu à une réussite et au grand cinéma tel qu'on le connaît tous. À croire que je suis plutôt attiré par un cinéma plus « art et essai », davantage surprenant et innovateur dans ses techniques. Les plans, les décors, et les dialogues me semblent trop formels pour donner lieu à une authenticité franche.
J'ai conscience du caractère totalement personnel de ma critique, mais j'attends d'un film qu'il me surprenne, qu'il aille au-delà de ce que la réalité a à offrir, possible émerveillement ou noirceur terrifiante, décalage surréaliste voire improbabilité. Ici, c'est un trop grand assemblage de réalisme qui me gêne.
Cela dit, je comprends que ce type de cinéma puisse plaire, selon une veine naturaliste qui permet certainement au plus grand nombre de se reconnaître et de se projeter.
UNE DIMENSION PSYCHOLOGIQUE LÉGÈRE
Je pense aussi que ma déception tient au fait qu'il s'agit d'un thriller, et que l'intrigue policière prend trop les devants sur l'aspect psychologique auquel je m'attendais. Ce n'est pas vraiment que j'ai des goûts un peu morbides avec une attirance pour les choses sombres et les personnages torturés, mais tout de même.
Je ne sais pas si vous avez vu le long-métrage de Denis Villeneuve Prisoners avec Hugh Jackman et Jake Gyllenhaal, mais c'est à peu près ce que j'aurais aimé voir : le père, le mari, l'homme, dans toute la multiplicité de sa déchéance, jusqu'aux confins de la folie, devant sa propre impuissance.
Car au-delà de la forme calme à l'écran, véritable produit issu du parti-pris esthétique, ce sont des attitudes humaines un peu trop molles - constituant une sorte d'ascèse qui devait certainement desservir une mise en exergue - mais qui finalement ont eu pour effet de m'ennuyer et de me faire attendre la fin avec impatience, non pas par suspense mais par envie d'aller dormir.