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Suicide Squad, par David Ayer

Après des mois d’une communication martelée au son du démentiel et du déjanté, il n’a fallu que quelques heures pour que le verdict tombe au sujet du tant attendu Suicide Squad de David Ayer. Résonne alors l’échec, la supercherie, le fiasco cinématographique de l’été 2016.

 

Carte d'identité :

  • Titre : Suicide Squad

  • Réalisateur : David Ayer

  • Genre : Super-Héros

  • Date de sortie : 3 août 2016

  • Durée : 123 minutes

  • Avec : Will Smith, Jarde Leto, Margot Robbie, Viola Davis, Cara Delevingne

 

Synopsis :


« Avec la mort de Superman, Amanda Waller craint l'apparition du prochain méta-humain qui pourrait attaquer l'humanité. Pour prévenir cette possibilité, elle fait adopter le projet Task Force X, visant à utiliser des criminels aux capacités hors-normes pour répondre aux menaces, de façon non officielle. Elle a déjà plusieurs noms sur sa liste, comme le tireur d'élite Floyd Lawton « Deadshot », la psychopathe Harley Quinn ou le tueur monstrueux Waylon Jones « Killer Croc ». Alors qu'une force surnaturelle se réveille, Waller fait appel au colonel Rick Flag pour prendre le commandement de cette unité pas comme les autres ».

 

CONFUSION DES GENRES ET TONALITÉ BÂTARDE



S’inscrivant dans la veine des Super-Heros Movies et profondément lié au succès commercial des productions blockbusters DC Comics et Marvel Studios, l’enjeu de Suicide Squad était évidemment de continuer à faire tourner la boutique en ralliant tous les amateurs à sa cause. En vain.


Car si les précédentes réussites peuvent être critiquées par leur tonalité assez uniforme, ici il n’y a rien d’unilatéral, ni d’efficace d’ailleurs. Voulant se jouer des genres et se fondre dans de multiples épaisseurs, le film ne trouve ni sa place ni ne gagne sa postérité.


Cherchant à combiner l’humour gras et limpide d’un Deadpool à qui tout semble réussir à la volonté de menace de destruction mondiale signée X-Men Apocalypse, on en oublierait presque que la genèse du long métrage est celle de la noirceur et de la profondeur propre à la trilogie de Nolan qui sublima alors le Chevalier Noir.


C’est ainsi que l’hilarité de quelques boutades est manquée, que le dramatique s’évade, et que le suspense reste à déplorer. Tout tombe à l’eau, emporté par la faillite des registres.



DE L’ERREUR DE DÉBUTANT À LA CATASTROPHE TECHNIQUE


Mais si le spectateur s’est perdu dès les premiers instants dans les méandres du récit, il va s’en dire que la faute n’en revient pas exclusivement à cette oscillation déraisonnée entre rires et larmes.


Le montage est quant à lui un véritable désastre. Absolument maladroit et continuellement distendu, le rythme est éprouvé entre scènes faussement dramatiques et enfilades de combats à n’en plus finir. À bout de souffle, jusqu’à l’épuisement du style, les héros vont et viennent, acculés de piètres blagues potaches avant de reprendre l’assaut répété encore et toujours du sauvetage de l’humanité. Alternant les flash-back jetés ci et là avec la teneur de l’action et du sensationnel, la construction du récit a été oubliée au passage, laissant en bouche le goût amer du manque cruel de rythme et de dynamique.


N’oublions cependant pas la bande originale qui s’immisce timidement avant de défaillir devant son inadéquation avec ce qui se passe à l’écran. Véritable patchwork de tubes musicaux (The Rolling Stones, AC/DC, Kanye West, Queen…) qui renforce le fossé entre sensation auditive et désillusion visuelle, elle étaye le décalage et persuade l’auditoire que le film ne sera définitivement pas à la hauteur des espérances.


Quant aux effets scéniques et visuels, il me tarde de mentionner à quel point le choix académique de la ville à feu et à sang illustre une familiarité odieuse et sans gêne avec le scénario catastrophe et le conflit armé violent de quelques-uns pour la survie de la planète. Les effets spéciaux sont surenchéris à l’outrance, pourtant désuets et tout bonnement affreux visuellement. Les éclairs violacés qui irradient l’écran ressemblent à ceux présents dans le Ghostbuster original de 1984. Une similarité vomitive lorsque l’on pense aux trente dernières années d’évolution des capacités informatiques.




QUAND LE SQUAD VIRE AU LISTING D’ANTIPATHIQUES


Introduits tour à tour dès les premières scènes, nos anti-héros s’exhibent dans des mini-clips de présentation en mode générique de télé-réalité où défilent les candidats d’une émission de mauvaise augure. Bien que cette pratique soit répandue dans les films épiques réunissant autour d’un groupe des figures très hétéroclites, elle est originellement destinée à informer le spectateur des différents protagonistes qui vont composer l’équipe. Or la présentation est ici inégale, et prône davantage l’individualisme que l’union. Certains des personnages seront ainsi grossièrement évoqués, un portrait étant rapidement dressé de leurs habilités et donc de leur rôle de gadget à venir.


Auréolés du digne héritage comics, les personnages ne sont pour autant pas crédibles. Surjoué par Will Smith, Deathshot apparaît ainsi en père de famille tiraillé par l’amour du meurtre et les valeurs qu’il cherche à inculquer à sa fille bien-aimée. Son omniprésence en chef de meute marque l’apothéose du pathos et là encore un effet manqué. Cara Delevingne dépréciée en Enchanteresse, ne reste que le décevant Jared Leto qui, bien que brillantissime par ailleurs, n’ajoute rien à la complexité de son rôle de Joker déjà ennobli par la performance subjuguante de Heath Ledger. Seule Margot Robbie figure la transcendante Harley Quinn, pétillante blondinette à couettes, acidulée autant que déjantée qui contraste avec la fausseté de l’ensemble.



On aurait donc pu croire que le film offrirait la possibilité de découvrir de nouveaux personnages jusqu’alors méconnus du grand public, surfant sur la nouvelle vague des séries éponymes telles The Flash, Supergirl, Dardevil, ou les films à héros uniques à venir comme Doctor Strange ou Wonder-Woman. Mais le manque de profondeur et de connaissances de leurs histoires respectives ne permet ni de les détester, ni de les adorer, seulement de les oublier une fois les lumières rallumées.



Si l’histoire, bien que mal ficelée et par-là même inintéressante et déjà-vue au possible, avait somme toute du potentiel, l’intrigue a été abandonnée au profit d’un conflit dénué d’intérêt entre les forces obscures et les encore-plus-méchants. Redorer le blason des malfrats ? Donner une seconde chance aux âmes égarées ? L’objectif du film n’est perdu de vue que parce qu’il n’a jamais l’ambition de vouloir signifier quelque chose.


Énormément attendu par une publicité en amont très productive notamment sur les réseaux sociaux, il semblerait que les community manager aient été plus efficaces que l’équipe de la réalisation et du scénario.


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FLORIAN

PARIS

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