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Les choses - Georges Perec

Afin d'inaugurer mes chroniques littéraires, je vous propose de revenir sur Les Choses de Georges Perec, un récit pour le moins décalé de ce que l'on peut avoir l'impression de lire, qui amène à réfléchir sur notre environnement matériel et qui nous transporte dans un monde des idées et des valeurs de l'objets.


Carte d'identité :

  • Titre : Les choses

  • Réalisateur : Georges Perec

  • Genre : Roman - Littérature contemporaine

  • Date de publication : 1965

 

Résumé :


« Dans ce récit si simple et si uni qu'il convient d'en souligner l'originalité profonde, Georges Perec tente, le premier avec cette rigueur, de mettre au service d'une entreprise romanesque les enseignements de l'analyse sociologique. Il nous décrit la vie quotidienne d'une jeune couple d'aujourd'hui issu des classes moyennes, l'idée que ces jeunes gens se font du bonheur, les raisons pour lesquelles ce bonheur leur reste inaccessible – car il est lié aux choses que l'on acquiert, il est avertissement aux choses .

C'est qu'il y a entre les choses du monde moderne et le bonheur, un rapport obligé... Ceux qui se sont imaginé que je condamnais la société de consommation n'ont vraiment rien compris à mon livre. Mais ce bonheur demeure un possible ; car, dans notre société capitaliste, c'est : choses promises ne sont pas choses dues ».

 

Acheté il y a quelques années déjà par hasard dans les rayons d'une librairie, je voulais voir ce dont il était question dans cet ouvrage dont j'avais tant de fois admiré la couverture. N'ayant jamais voulu lire la quatrième de couverture car ne voulant pas m'en faire une opinion avant de le lire dans son intégralité, je constate à présent que je suis bien content de ne jamais avoir osé jeter un coup d’œil au résumé qui se trouve au dos. Car il ne m'aurait pas vraiment tenté...

LE POUVOIR DES CHOSES...


Mais j'ai pourtant lu l’œuvre, l'ai apprécié parfois. Et j'avoue que cela n'a pas toujours été tâche aisée. Je ne m'attendais à rien, et pourtant, je n'avais jamais lu quelque chose d'aussi étrange. J'ai eu du mal à rentrer dedans, et il faut avouer que l'incipit est tout à fait surprenant. À la manière d'une énumération d'objets (qui m'a personnellement semblé sans fin), on parcourt l'univers, annonçant le cadre et l'environnement global.


Les objets constituent les principaux protagonistes. Ce sont eux qui influent, qui poussent au matérialisme, et au consumérisme. Ce sont eux qui jouent le rôle de marqueur social, de quantificateur du bonheur et de la réussite. Ils sont le résultats d'une histoire, les éléments révélateurs d'un parcours de vie.


AVENIR INCERTAIN À PARTAGER


Dans un second temps, le plaisir s'est fait ressentir assez rapidement, de manière surprenante même. Passé le détail de ces choses, la vie des deux personnages, Sylvie et Jérôme, entre en jeu. À ce moment, je me suis familiarisé avec l'écriture, et j'ai pu me concentrer sur mon ressenti personnel de lecteur. C'est très étonnant la distanciation qu'il m'a paru y avoir entre la lecture et moi, et en parallèle, une assimilation avec les deux jeunes adultes qui découvrent la vie.


En effet, leur rapport à leur avenir, sinon même à leur temps présent a tout à fait capté mon attention. En période de remise en cause, de questionnement concernant un tour des choses assez incertain, la situation me correspond et me touche. Que l'action se déroule dans les années 60 n'y change rien, et les cinq décennies qui nous séparent n'ont aucun impact sur la façon que l'on a de se sentir perdu lorsque l'on a 20 ans, et la vie devant soi.


LA RECHERCHE DU BONHEUR À TRAVERS LE CONSUMÉRISME


Et puis, le récit avance, et prend une tournure qui accentue la distance avec le jeune adulte que je suis. Un discours dont la neutralité a paralysé mon jugement et ma réflexion. Pourtant, l'histoire apparaît comme un prétexte pour développer un environnement singulier, rempli d'objets. Même l'auteur ne qualifie pas son œuvre de roman. Et cet aspect très aseptisé évoque davantage une approche sociologique du monde qu'une narration fictive. Cette approche questionne notre perception des choses, l'impact des objets sur nos comportements. Notre regard joue un rôle évident, et c'est finalement le point de vue que l'on adopte sur cela qui marque notre sentiment.


Enfin, la dernière partie (si je peux découper le récit en trois étapes) est attachée à rendre compte de l'indécision et de l'éternelle et difficile quête d'un bonheur perdu, d'une jeunesse arrachée. On ne sait pas quand il nous a quitté, semble ne jamais vouloir revenir, et pourtant l'on croit et attend patiemment son retour, rempli d'optimisme et d'espérance en un avenir heureux. Quand le présent est incertain, que faire de mieux que d'espérer un lendemain meilleur ?



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