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La Planète des Singes : Les Origines, par Rupert Wyatt

Pour ce premier challenge de « Au Petit Film la Chance » portant sur la thématique des Animaux parlants, j’ai eu la difficile mission de composer avec une liste de films qui ne m'ont guère attiré au premier abord. Effectivement, le sujet induit un lien avec les dessins animés. Combien d'entre vous en lisant l'intitulé ont pensé au Roi Lion ou à Madagascar, respectivement distribués par les Studios Disney et Dreamworks. Et je voulais justement un peu sortir de ces sentiers battus et explorer d'autres horizons.


J’ai donc opté pour un classique, que tout le monde connaît au moins de nom, mais que je n'avais pourtant pas encore vu. C’était précisément le moment de me lancer dans l'aventure, et celle-ci se nomme La Planète des Singes : les Origines.

 

Carte d'identité :


  • Titre : Rise of the Planet of the Apes (La Planète des Singes : Les Origines)

  • Réalisateur : Rupert Wyatt

  • Genre : Science-fiction.

  • Date de sortie : 2011

  • Durée : 110 minutes

  • Nationalité : Américaine

  • Avec : James Franco, Andy Serkis, Freida Pinto

 

Synopsis :


« Dans un laboratoire, des scientifiques expérimentent un traitement sur des singes pour vaincre la maladie d’Alzheimer. Mais leurs essais ont des effets secondaires inattendus : ils découvrent que la substance utilisée permet d’augmenter radicalement l’activité cérébrale de leurs sujets. César, est alors le premier jeune chimpanzé faisant preuve d’une intelligence remarquable. Mais trahi par les humains qui l’entourent et en qui il avait confiance, il va mener le soulèvement de toute son espèce contre l’Homme dans un combat spectaculaire ».

 

J’ai choisi la version plus récente, le reboot de l'original de 1968, parce qu'il m'est plus facile d'apprécier un film lorsqu'il n'est pas trop vieux. J'ai conscience que je passe à côté de classiques du cinéma et de chefs d’œuvre qui valent vraiment le coup d'être vus, cependant j'ai énormément de mal à être totalement captivé, d’autant plus lorsqu'il s’agit de science-fiction et que les effets spéciaux peuvent alors très vite ''mal'' vieillir. Mais il est certain que le premier pas ayant été franchi, je pourrai revenir sur les films originaux plus tard de façon à comprendre la dynamique d'inspiration et de réadaptation.


Il faut également avoir à l'esprit que le film est issu d'une initiative d'adaptation du roman de Pierre Boulle dont il faudra que je me procure un exemplaire pour avoir là encore une idée des liens entre récits littéraires et cinématographiques.


Pour être tout à fait franc, j'ai apprécié le film dans sa globalité, mais je reste quelque peu déçu. On se prend facilement à l'histoire, les acteurs sont très bons, les effets ultra-réalistes, mais la réalisation classique reste à mes yeux efficace mais pas très ingénieuse. Malgré cela – et peut-être que j'intellectualise trop – j'ai eu du mal à trouver une profondeur et un propos clairement identifié. J'entends par-là que la thématique de la condition animale peut être un moyen de sensibiliser le spectateur et l'amener à prendre conscience de certaines réalités, mais je n'ai pas retrouvé la dimension didactique et dramatique que j'attendais.


J'ai tiré de ce film deux réflexions principales que je vais essayer de résumer succinctement : la préoccupation de l'animal qui tend à atteindre une certaine reconnaissance et la toute puissance scientifique avec les apports du transhumanisme.



L’ANIMAL ENTRE PRÉOCCUPATION ET RECONNAISSANCE



Le film est essentiellement centré autour de la question animale – je ne vous apprends rien. Il est surtout question de la condition des primates, mais finalement, on retrouve cette thématique appliquée à l'ensemble des espèces animales.


Effectivement, on peut prendre le parti de la défense des animaux, avec en principale préoccupation le fait qu'ils sont constamment utilisés par la science pour les diverses expériences que l'on n'ose pas faire directement sur l'homme, question d'éthique. Mais les avancées en matière de droit animal vont peut-être permettre d'aller vers un affranchissement de ces pratiques qui peuvent être remises en cause bien que souvent nécessaires pour les progrès médicaux. En effet, le 28 janvier 2015, le Parlement français a officiellement reconnu les animaux comme des « êtres vivants doués de sensibilité » [1]. Ce combat mené en faveur de la reconnaissance du monde zoologique se construit à un moment où les causes de la protection environnementale et la préservation des espèces en voie de disparition, ainsi que celles du végétarisme font front commun pour lutter contre les inepties d'un homme qui a oublié qu'il est aussi un animal et qu'il a tendance à se croire hautement supérieur.


« Les bêtes n'ont pas seulement moins de raison que les hommes, elles n'en ont point du tout ».

Descartes, affirmait que l'animal n'est rien d'autre qu'une machine perfectionnée [2]. En ce sens, il suppose la distinction fondamentale entre un humain doué d'une raison et caractérisé par une âme alors que l'animal en est absolument dénué. En dépit de ses affirmations, la science contemporaine prouve que l'animal est loin d'être un simple appareil organique qui répondrait exclusivement à ses besoins et à des stimuli de manière mécanique. Aujourd'hui, on tend, lentement mais sûrement, vers une « reconnaissance de ce qu'est un individu animal : une subjectivité et une sensibilité » [3]. Cette défense a été consolidée par les apports du philosophe Peter Singer en 1975 [4] qui fit avancer le raisonnement en faveur du droit des animaux.


Cette infériorité animale, issue du darwinisme qui voyait en l'homme l'espèce la plus aboutie et la plus perfectionnée, peut cependant s'affranchir par quelques données statistiques assez efficaces : l'homme et le chimpanzé partagent 98 % de leur matériel génétique [5]. Aussi, le film questionne donc ce rapport de l'espèce humaine et du singe. L'homme ne serait-il qu'un animal doué de parole et d'une intelligence supposée supérieure ?


UN HUMANOCENTRISME DE CIRCONSTANCES



J'entends par ''humanocentrisme'' la capacité qu'a l'Homme à se croire absolument supérieur et être suprême, n'hésitant pas à régner en maître sur le monde, et sur les différentes espèces vivantes.


Toutes les pensées préoccupantes qui justifient la cohue des messages écologistes, préservationnistes et militantistes, sont issues de cette idée que l'homme en tant qu'entité raisonnée use le potentiel terrestre. Ses ressources primaires, la multiplicité de ses espèces, jusqu'à l'eau et l'air, contaminés par le mal humain qui prend plaisir, au nom du capitalisme et de l'individualisme à ravager la Terre-mère pour son profit. Non-content de la destruction des forêts, de l'extermination des baleines [6] et de l'anéantissement de la couche d'ozone, l'homme se prend à jouer à dieu par le biais des OGM. Sans vouloir rentrer précisément dans un débat qui a déjà fait grand bruit, je ne fais qu'évoquer le sujet des Organismes Génétiquement Modifiés.


Le film est effectivement un appel à la réflexion concernant les OGM, et les risques qu'ils impliquent. À trop vouloir toucher à la nature – au sens de la vie – malgré de bonnes intentions initiales qui sont souvent liées à la réduction de maladies génétiques ou à une meilleure connaissance du génome humain, l'homme n'est plus très loin de créer des monstres. C'est le propos de La Planète des Singes. Monstres parce que l'on crée ex-nihilo, parce que l'on se complaît aux mutations génétiques artificielles, et que l'on en perd le contrôle.


Ces avancées scientifiques de pointe m'amènent également à penser à des conséquences irréversibles à l'échelle de l'homme. Car non seulement l'homme se prend pour un dieu dans son environnement en faisant preuve de suprématie sur le règne vivant dans sa globalité, mais il arrive à un tel niveau de connaissances, qui allié à une solide maîtrise des savoirs-faire technologiques, lui font perdre la raison. C'est la problématique de l'homme augmenté. Car si je n'ai rien contre le fait de fabriquer des prothèses ultra-sophistiquées pour parvenir à apporter confort et normalité à des handicaps, je soulève la discussion sur les limites de ces pratiques transhumanistes. À ce sujet, on évoque bien volontiers le passage de « l'homme réparé » à « l'homme augmenté ». L'article de Sciences et Avenir concluait ainsi : « Ce rêve ultime du transhumanisme prévoit de transférer notre esprit depuis le cerveau vers une machine. Une vie éternelle enfin débarrassée de ce véhicule encombrant et vieillissant, le corps ».[7]



Cela rentre en parfaite adéquation avec le soucis de savoir où fixer la limite entre la prouesse médicale, et la folie propre à la science-fiction qui voyait la naissance de cyborgs et de la vie éternelle comme une utopie néfaste, du moins amorale [8]. Car en permettant la régénérescence continuelle des cellules cérébrales par exemple, on empêcherait finalement la mort.

Mais cela ne surviendrait-il pas au détriment de la vie ?

 

Aussi, je souhaite faire des liens connexes avec d'autres pistes de réflexion que je tenterais d'amener par la suite. Les musées d'anthropologie qui rendent compte de la mise en contexte de l'homme dans son environnement, en somme l'homme face à son passé et face au règne animal. À ce titre, le Musée de l'Homme de Paris et le Musée des Confluences de Lyon. Enfin, cela m'a rappelé une ancienne lecture qui montre la mince distinction entre homme et animal à travers une pièce de théâtre absolument délurée qui se pose en réflexion sur le statut de l'homme, à savoir Zoo ou l'Assassin Philanthrope de Vercors.

 

Sources :


1- http://www.lemonde.fr/planete/article/2015/01/28/les-animaux-sont-desormais-officiellement-doues-de-sensibilite_4565410_3244.html

2- Baraquin Noëlla, « Animal-machine », in Dictionnaire de Philosophie, Armand Colin, 2007.

3- http://www.franceinter.fr/article-l-animal-machine

4- Singer Peter, La Libération animale (1975), Paris, Payot, 2012.

5- http://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/20120116.OBS8851/98-du-genome-commun-avec-le-chimpanze-et-alors.html

6- http://citizenpost.fr/2015/03/pres-de-3-millions-de-baleines-tuees-par-lhomme-en-un-siecle-un-chiffre-qui-fait-froid-dans-le-dos/

7- http://www.sciencesetavenir.fr/sante/20141210.OBS7465/de-l-homme-repare-a-l-homme-augmente.html

8- http://www.belledemai.org/lhomme-augmente-du-mythe-a-la-realite/

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